François HOLLANDE, premier secrétaire du Parti socialiste, était de passage à Villefranche-sur-Saône jeudi 5 avril, pour une grande réunion publique de soutien à Ségolène ROYAL et à ma candidature à la prochaine élection législative. Plus de 500 personnes s'étaient rassemblées dans une ambiance festive et motivée ; avec la présence de Gérard COLLOMB, Jean-Jack QUEYRANNE, Christiane DEMONTES, mais aussi celle d'André POUTISSOU, ancien maire de Villefranche et de ses adjoints Jean DUBUIS et Marcelle BARRAUD, c'était une réunion historique et une belle séquence d'émotions. Voici le discours que j'ai prononcé au cours de cette soirée.
"Je voudrais tout d’abord remercier très sincèrement Christiane Demontès, Gérard Collomb, Jean-Jack Queyranne et François Hollande pour leur présence à Villefranche ce soir. C’est un honneur de recevoir ici le Premier secrétaire du PS, et quasiment un événement historique (bien que François Mitterrand et Pierre Mauroy soient eux aussi venus il y a plus de vingt ans). Alors merci, au nom de tous ceux qui m’entourent, qui m’encouragent et qui se mobilisent pour faire gagner la gauche, mais aussi en votre nom à tous qui êtes venus nombreux ce soir.
Je ne peux manquer de souligner également la présence ce soir de monsieur André Poutissou, qui fut notre maire pendant deux mandats, et même député de la circonscription ; à ses côtés, Jean Dubuis, Marcelle Barraud, Paul Bacot… grâce à eux, Villefranche porte encore la trace de la gauche au pouvoir. A côté de cette salle, la médiathèque Pierre Mendès-France, inaugurée par Danielle Mitterrand, mais aussi le Palais de Justice, inauguré par Robert Badinter, et l’hôpital, inauguré par Pierre Mauroy… Qu’ils soient remerciés pour leur action et pour leur présence amicale qui est tout un symbole.
Cette visite et ce soutien seront, je l’espère, une étape vers la reconquête de responsabilités locales que nous avons perdues dans le Beaujolais il y aura bientôt vingt ans. Nous avons perdu ici en même temps que la confiance en la gauche commençait à s’effriter nationalement, alors que nous étions confrontés à des défis que nous ne semblions plus pouvoir surmonter. Car notre région est de celles où nos concitoyens ont durement désavoué la gauche sous les coups de butoir terribles du chômage, des usines qui ferment dans le textile, la mécanique ou la carrosserie, mais aussi de la progression des inégalités et de la pauvreté... Ce n’est pas que la droite ait fait mieux que nous au pouvoir, mais comme partout, l’exigence envers la gauche sur ces questions est plus forte que vis-à-vis de la droite.
Depuis vingt ans, les conséquences politiques ont ici été cruelles pour les socialistes et la gauche : depuis 1993, nous sommes systématiquement éliminés dès le premier tour des élections législatives, et nous sommes donc systématiquement condamnés à revivre un « 21 avril 2002 ». C’est dire si l’enjeu pour la gauche est ici important : il s’agit tout simplement de faire revivre un espoir ! Le Beaujolais n’est pourtant pas naturellement conservateur ou de droite : vieille terre radicale et socialiste, il est peuplé de citoyens qui aiment que le travail soit récompensé, qui réclament de la justice pour tous, et qui cultivent joyeusement la fraternité. Face aux défis qui sont ceux de notre territoire, le plus grave est que ses élus, pour la plupart de droite, ne sont tout simplement pas à la hauteur.
Notre responsabilité est de représenter ici une gauche populaire, car il s’agit de répondre aux aspirations de ceux qui subissent de plein fouet les mutations économiques et industrielles : ouvriers, employés, viticulteurs, commerçants… rien n’est possible pour la gauche si elle ne répond pas de manière convaincante à leurs attentes. Mais nous voulons aussi une gauche de son temps, une gauche qui entraîne dans son sillage une large majorité de femmes et d’hommes de bonne volonté, une gauche qui sait qu’ele ne peut construire une société prospère en ignorant la condition des plus faibles et la parole de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire entendre.
Nous voulons une gauche qui s’indigne face au désordre de l’injustice, une gauche qui émancipe et qui responsabilise nos concitoyens. Nous voulons une gauche qui sait rêver, et faire rêver, d’un monde meilleur. Mais nous voulons aussi une gauche qui n’hésite pas à agir et à prendre ses responsabilités lorsqu’il s’agit de gouverner pour changer les choses.
Rappeler ces exigences n’est pas inutile face à une droite dont le projet et la méthode consistent ouvertement à mettre en concurrence les individus, à renforcer le pouvoir de l’argent, à stigmatiser chacun d’entre nous en fonction de sa condition sociale, de son origine ou de son appartenance religieuse. Une droite qui n’hésite pas à traiter les Français de fainéants ou d’assistés, à insulter les jeunes, à mettre le feu dans les quartiers populaires.
La stratégie de la droite façon Sarkozy est claire : elle fait tout pour démoraliser, affaiblir et diviser les Français ; elle attaque notre modèle social et républicain pour mieux instaurer son ordre libéral et sécuritaire ; elle préfère opposer les smicards aux rmistes pour éviter de remettre en cause l’injuste répartition des richesses dans notre société. Le résultat de cette stratégie éclate sous nos yeux après cinq années de gouvernement UMP : notre pays doute de son avenir et de son identité, alors qu’il a des atouts exceptionnels, les Français ont peur de l’avenir et souvent même de leur voisin.
Dans une telle situation, l’honneur de la politique c’est de ne pas se résigner. La responsabilité de la gauche, c’est de faire vivre un espoir nouveau pour notre pays. C’est à nous de solliciter les Français pour ce qu’ils ont de meilleur, et non de flatter leurs plus bas instincts comme le fait la droite aujourd’hui. C’est à nous de leur donner confiance en l’avenir sans renier ce que nous sommes et ce qui forge notre pays.
Cela commence par redonner confiance en la République et en ses valeurs, sans abandonner l’une et les autres à nos adversaires. Comme vous tous, je suis fier de mon pays, et je suis confiant dans notre capacité à le faire progresser ensemble. Je suis fier de notre histoire et de nos traditions, comme de notre capacité à incarner le progrès universel. Je suis fier de notre République qui a su unifier des cultures différentes et confier le pouvoir à des citoyens éclairés. Je suis fier de notre modèle social qui doit sans doute évoluer, mais sans rompre avec les principes de solidarité qui ont fait sa force. Je suis fier de nos services publics qui assurent la cohésion dans notre société. Je suis fier de notre capacité à intégrer dans notre Nation les populations d’origine étrangère, comme nous le faisons depuis un siècle. Je suis fier de nos valeurs républicaines : la liberté qui exige une démocratie vivante, l’égalité qui exprime une aspiration essentielle à la justice sociale, la fraternité qui impose à tous la laïcité, le respect et la solidarité.
Cette histoire républicaine, quoiqu’en dise la droite aujourd’hui, c’est avant tout l’histoire et les combats de la gauche. C’est donc encore à nous, aujourd’hui, de faire avancer la France et la République. Il n’est pas question de nous replier sur une histoire, des droits ou des acquis ; notre conception du progrès social nous pousse à aller de l’avant, à construire pour chaque Français un droit à l’avenir.
Dans quelques jours, nous voterons pour le changement. N’oublions pas que nous devrons voter pour l’essentiel. Nous voulons une société où chacun puisse vivre dignement de son travail, grâce à un juste salaire et à des conditions de travail sécurisantes. Nous voulons que l’école bénéficie de tous les moyens dont elle a besoin pour qu’elle redonne le goût de l’effort et du travail, et pour qu’elle forme des citoyens éclairés. Nous voulons que chacun puisse bénéficier de la Sécurité sociale et puisse accéder aux soins de façon égale sur tout le territoire. Nous voulons que cesse le scandale de la pénurie de logements, et des loyers qui augmentent plus vite que les salaires. Nous voulons que les jeunes ne soient plus sacrifiés dans le monde du travail, et qu’ils trouvent enfin la place qui leur revient dans la société. Nous voulons une France qui retrouve toute sa place, dans le monde et dans une Europe utile et concrète.
Voilà François, chers amis, quelles sont nos priorités pour l’élection présidentielle. Voilà pourquoi il n’est plus temps d’hésiter ou de tergiverser au moment du vote : il est temps de concrétiser un vaste espoir de changement. Tous ceux qui pensent que la gauche est la mieux qualifiée pour construire une France plus juste, plus efficace et plus fraternelle, ont besoin que Ségolène Royal soit présidente pour incarner l’avenir de notre pays."
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