Gagner ici pour gagner dans le pays
Le contexte local de cette élection peut a priori paraître
difficile : la droite y est dominatrice depuis plus de vingt ans, le Front
national y réussit ses meilleurs scores dans une terre beaujolaise frappée à la
fois par la désindustrialisation et la crise viticole, la gauche y a été trop
souvent divisée… Pourtant cela ne justifie en rien le renoncement, car notre
histoire politique est faite de cycles et de retournements, le plus souvent
causés par des chocs profonds et régénérateurs. La situation actuelle de notre
pays appelle un tel choc politique. L’élection présidentielle en sera, je
l’espère, le moteur essentiel. Les élections législatives en seront dès lors le
carburant décisif, en ramenant la gauche au pouvoir. Cet enjeu est posé dans
chacune des 577 circonscriptions de France, et celle du Beaujolais n’y échappe
pas. Il nous appartient d’ouvrir un nouveau cycle politique dans le Beaujolais,
d’y restaurer une gauche qui y fut majoritaire pendant longtemps, et de
contribuer à la victoire de la gauche en France. Si nous gagnons ici, nous
gagnerons dans le pays.
Gagner en 2007 : redonner l’espoir à gauche, rendre possible
le progrès social
Notre possible victoire doit s’appuyer sur un projet
socialiste qui apporte des réponses claires et crédibles aux attentes de nos
concitoyens, qui tienne compte de leur état d’esprit, de leurs votes depuis
2002, et des échecs majeurs de la droite depuis 2002 comme de nos insuffisances
passées. Nous devrons pour cela éviter la tentation du catalogue de mesures
sans cohérence d’ensemble ni renouveau mobilisateur. C’est pourquoi ma
candidature se fonde sur quelques idées-forces qui orienteront ensuite notre
travail de conviction auprès de nos concitoyens. Elles tiennent compte de la
réalité de leur vie quotidienne, comme des enjeux majeurs que nous devons
aborder, faute de quoi nous serons réduits à l’impuissance ou aux promesses
démagogiques. Par ces quatre chantiers, je souhaite réhabiliter l’idée que le
progrès social est possible, et redonner l’espoir à gauche pour sortir notre
pays de la morosité et du repli sur soi.
Emploi, salaires et pouvoir d’achat : il n’y a pas de
fatalité !
Notre pays, pourtant l’un des plus développés du monde et
qui n’a jamais créé autant de richesses, subit un accroissement important des
inégalités sociales. A qui la faute ? La droite incrimine notre modèle social,
supposé à la fois pénalisant pour la création d’emplois, et trop coûteux et
laxiste pour assurer des protections efficaces. Il n’y a rien de plus faux. Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est
principalement parce que nous avons renoncé depuis trop longtemps à mieux agir
pour répartir les richesses, et pour réguler la concurrence mondiale. Le
partage des richesses est de plus en plus inégal : les grands groupes
économiques sont pour l’essentiel motivés par la création de valeurs au profit
des seuls actionnaires, au détriment de leurs salariés et des petites
entreprises qui sont leurs sous-traitants. Si la valeur ajoutée était répartie
entre la rémunération du travail et celle du capital comme il y a vingt ans, il
y a aurait 150 milliards d’euros de plus en circulation dans notre pays,
notamment en pouvoir d’achat. Tant que nous n’aurons pas agi, notamment au
moyen de la fiscalité, pour décourager la trop forte rémunération des
actionnaires, le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population
continuera d’être ponctionné.
De même, l’Union européenne est la seule puissance
économique au monde à mettre en oeuvre la concurrence « libre et non faussée »
promue par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) : ni les Etats-Unis, très
protectionnistes vis-à-vis de leurs secteurs industriels menacés, ni les «
nouveaux pays développés » comme le Brésil, l’Inde ou d’autres, ne tentent
d’allier l’ouverture de leurs marchés à la concurrence mondiale avec des
garanties sociales de haut niveau. Nous subissons donc une situation de
concurrence aussi frontale que déloyale, confrontés à des pays protectionnistes
et pratiquant le dumping social. Pour que l’Europe refuse cet « alignement vers
le bas » de son modèle social, les socialistes européens doivent agir
collectivement pour rééquilibrer les règles du commerce mondial, pour faire
appliquer réellement les règles sociales internationales, et dans l’attente,
faire en sorte que les pays européens se protègent en mettant en place des
barrières douanières pour les secteurs les plus menacés.
Il faudra également mettre en place une fiscalité plus juste
au service d’une protection sociale rénovée pour plus de solidarité. Depuis
2002, la droite a engagé une entreprise de démolition sans précédent de notre
protection sociale, non parce que celle-ci coûte trop cher, mais pour en
confier une large partie aux intérêts financiers du secteur marchand. Depuis
que la droite est au pouvoir, la solidarité a reculé dans notre pays. Pourtant,
il existe des enjeux majeurs de solidarité qui ne sont pas couverts de façon
satisfaisante : de nombreuses familles doivent prendre à leur charge leurs
anciens, sans aide suffisante ; contrairement au principe de solidarité, les
générations actives d’aujourd’hui ont reporté sur les plus jeunes la charge de
payer dans quinze ans leur santé et leurs retraites d’aujourd’hui ! Face à
cette situation, il faut avoir le courage de dire qu’il faut stopper les
baisses d’impôts engagées par la droite, qui n’ont eu aucun effet sur le
pouvoir d’achat, et qui ont surtout affaibli la protection sociale et les
services publics, principaux acteurs de la solidarité. Notre modèle social est
à ce prix, et il en vaut la peine.
Jeunes : parlons d’avenir !
Les émeutes urbaines de novembre 2005 et la révolte contre
le CPE de février et mars 2006 ne sont pas des crises sans lendemain : elles
sont le révélateur de l’état de la jeunesse en France, confrontée à un avenir
assez sombre. Elles illustrent notamment le fait que la société toute entière
n’ose plus regarder sa jeunesse en face. On ne peut accepter une telle perte de
confiance en l’avenir et un tel niveau de chômage des jeunes. On ne peut pas
non plus accepter que la droite de Sarkozy pratique l’amalgame et l’insulte
contre une jeunesse qu’elle ne comprend plus parce qu’elle ne l’écoute pas.
Pour donner un véritable « droit à l’avenir » à toute une génération
qui risque de vivre moins bien que celle de ses parents, il faudra une ambition
et des moyens considérables pour l’éducation, l’orientation et l’accompagnement
vers le premier emploi. Plutôt que des contrats spécifiques pour les jeunes, il
faudra mettre en place des parcours adaptés qui leur permettront de bénéficier
d’un tutorat au sein de l’entreprise, d’une formation continue, et de droits
sociaux garantis qui les préservent de toute retombée dans la précarité. Ce qui
décourage le plus les jeunes, ce sont les aléas qui rythment les premières
années de leur vie professionnelle, alternant les emplois précaires, les
périodes de chômage, les stages… Le service public de l’emploi doit pouvoir
leur garantir une continuité à leur parcours d’insertion professionnelle, et une
rémunération continue qui doit pouvoir se concrétiser dans une « allocation
d’autonomie » : ce statut permettra de mettre en en place une véritable égalité
des chances, aujourd’hui compromise par la faiblesse des mécanismes d’aides à
la poursuite d’études ou à l’insertion professionnelle.
Une nouvelle démocratie : la participation et l’intégration
pour faire vivre la République
La présidence de Jacques Chirac s’achève dans un contexte de
crise institutionnelle forte, où le chef de l’Etat est totalement décrédibilisé
par ses échecs, ses revirements et les faveurs accordées à ses proches ; le
Premier ministre est suspecté de manipuler les services secrets, complote
contre une partie de son gouvernement, et démontre sa méconnaissance de la
société et son mépris du dialogue social ; le chef du parti majoritaire
justifie son maintien au gouvernement par son souhait de contrôler la police et
de préserver ainsi ses chances d’emporter la prochaine élection présidentielle
; le Parlement n’est plus qu’une chambre d’ombres et un champ de bataille pour
la majorité… Il est plus que jamais temps de sortir de cette impasse dans
laquelle nous enferment les institutions de la Cinquième République. Je suis
personnellement favorable à une Sixième République, donc à une nouvelle
constitution qui organise différemment les pouvoirs en France, parce que notre
histoire démontre que nos institutions ne sont pas seulement une organisation
institutionnelle, mais aussi une réponse politique forte dans des situations de
crise, à laquelle les Français adhèrent pour lancer notre pays sur un nouveau
chemin : c’était le cas notamment à l’issue de la seconde guerre mondiale
(1946) et au moment de la décolonisation (1958), lorsqu’on été adoptées les
constitutions des Quatrième et Cinquième républiques.
Un changement profond est donc important pour permettre à
nos concitoyens de se sentir à nouveau représentés par nos institutions
démocratiques : diminuer les pouvoirs du Président de la République pour tenir
compte du fait qu’il ne peut pas être l’homme (ou la femme) providentiel que
son mode d’élection suppose ; restaurer les pouvoirs de l’Assemblée nationale
qui est la mieux à même d’exprimer en permanence les attentes des Français, et
qui seule fonde la légitimité du gouvernement ; obliger le gouvernement à
vérifier chaque année qu’il dispose encore de la confiance de l’Assemblée
nationale ; ouvrir des espaces de démocratie participative dans les
collectivités locales pour que les citoyens puissent participer directement à
des choix importants ; interdire le cumul des mandats entre parlementaire
(député, sénateur, député européen) et responsabilité d’un exécutif local
(maire, président d’une agglomération, communauté de communes, conseil général
ou régional) ; renforcer enfin la démocratie sociale, qui permet aux
organisations syndicales et aux salariés d’être associés à la gestion des
entreprises et aux grands choix économiques.
Cette nouvelle démocratie ne pourra pleinement vivre que si
nous nous donnons des moyens importants pour l’intégration de tous et la
formation des citoyens. C’est le rôle fondamental de l’école publique, au-delà
de sa mission d’éducation ; ses moyens et son autorité doivent être renforcés.
C’est également le rôle de la laïcité, de façon à non seulement respecter les
convictions religieuses et culturelles de chacun, mais aussi à empêcher toute
interférence de celles-ci dans l’organisation de notre vie collective. C’est
également l’enjeu de la lutte contre les discriminations de toutes natures,
sans laquelle n’est pas accomplie la promesse d’égalité entre les citoyens
portée par notre République. C’est enfin la volonté d’intégrer tous ceux qui,
venus légalement de l’étranger pour travailler en France sur des emplois peu
qualifiés rejetés par les Français : ceux qui veulent devenir Français
eux-mêmes doivent pouvoir le devenir en étant formés à la maîtrise de la langue
française et à la connaissance de nos institutions, et en pouvant vivre
décemment avec leur famille.
Projet européen : la France doit agir pour une Europe utile
et démocratique
La France a rendez-vous en 2007 avec ses partenaires de
l’Union européenne pour relancer ce projet qui a plus que jamais tout son sens.
Si j’ai voté contre le projet de constitution européenne en mai 2005, c’est
parce que je considérais qu’il figeait l’Union dans une mauvaise organisation
démocratique, laissant la part belle aux Etats et au principe de l’unanimité
des décisions sur les questions importantes, et parce qu’il renonçait à mener
des politiques économiques et d’infrastructures qui ne correspondraient pas à
une stricte orthodoxie libérale. Je ne regrette pas mon vote, même si je
déplore que le « non » français soit tenu pour responsable d’un immobilisme en
réalité en place depuis le départ de Jacques Delors de la présidence de la
Commission européenne, il y a douze ans...
Il sera donc plus que jamais nécessaire de relancer l’Europe
pour permettre à nos Etats de mieux se coordonner pour affronter la concurrence
économique du reste du monde qui ira en s’amplifiant, et pour prévenir les
risques environnementaux et stratégiques majeurs de la planète. Revenus au
pouvoir, les socialistes français devront poser des questions qui dérangent,
issues du formidable démocratique qui a précédé le vote du 29 mai : veut-on
d’un système où tous les pays ont le même poids dans les décisions ? Peut-on
élargir l’Europe sans prendre en compte les différences de développement
économique et social, et sans aborder la question des frontières souhaitables
de l’Union ? Quels sont les moyens d’action pour favoriser des grands travaux,
une politique économique concertée, un modèle social ambitieux, une politique
de recherche innovante, une stratégie de défense et une ambition diplomatique
communes ? Quelle volonté l’Europe se donne-t-elle pour peser dans la régulation
de l’économie mondiale, au lieu d’accepter sans mot dire le démantèlement
progressif de pans entiers de son industrie et de son agriculture ?
Un député libre et proche de ses concitoyens
En développant ces quatre chantiers pour la nouvelle gauche
que j’appelle de mes vœux au cœur du projet socialiste pour 2007, j’ai exposé
ce que me semblent être les principaux enjeux de notre pays. Je ne crois pas
que la France soit en déclin ni qu’elle soit incapable de se réformer. Il
manque surtout à notre pays la capacité collective d’aller de l’avant, emmené
par des dirigeants dignes de leur confiance et qui soient en mesure de leur
proposer un projet. Etre élu député par ses concitoyens, c’est contribuer à
cette mobilisation dont nous avons collectivement besoin pour sortir du marasme
dans lequel la présidence de Jacques Chirac et l’action de la droite nous ont
plongés. Elu député, je m’attacherai à faire preuve de la plus grande
disponibilité pour rester à l’écoute des problèmes concrets de nos concitoyens,
autant que pour participer à l’élaboration de la Loi et aux débats fondamentaux
de notre pays. En toutes circonstances, je m’engage à rester libre de mes
prises de position, à ne pas être seulement la voix de mon parti. Enfin, je
veillerai à rendre compte de l’exercice de mon mandat lors de comptes-rendus
organisés dans chaque canton deux fois par an, et au travers d’un site internet
sur lequel toutes mes prises de position seront exposées ainsi que mon
assiduité aux travaux parlementaires.
Convaincre nos concitoyens de l’utilité d’élire un député de
gauche
Dans une « terre de mission » comme le Beaujolais, le combat
n’est évidemment pas gagné d’avance, même si la droite paraît nationalement
discréditée et localement divisée. Pour gagner, il faudra donc des messages
simples pour convaincre nos concitoyens de l’utilité d’élire un député de
gauche.
Je voudrais tout d’abord que nous leur disions que s’ils
sont logiques avec eux-mêmes et cohérents avec ce qu’ils pensent très
majoritairement, ils ne peuvent que sanctionner l’action de la droite au
Gouvernement depuis 2002, et ne pas réélire ici un député qui a soutenu Chirac,
Raffarin, Villepin et Sarkozy.
Je voudrais également leur dire qu’élire un député, c’est
avant tout choisir un gouvernement, car la majorité à l’Assemblée nationale
conditionnera la formation du gouvernement. Réélire Bernard Perrut, ce serait
donc choisir la droite pour gouverner la France, et pas seulement conforter
quelqu’un qui est élu depuis vingt ans.
Je voudrais enfin leur dire qu’en démocratie, lorsque
quelqu’un se représente au suffrage des électeurs, ceux-ci doivent d’abord se
demander si son action peut être jugée positivement, tant au plan local en
défendant les intérêts particuliers des électeurs de sa circonscription face aux
problèmes de l’emploi ou de la crise de la viticulture par exemple, qu’au plan
national dans le soutien sans failles qu’il a apporté à l’action de la droite
gouvernementale depuis 2002 (baisse du pouvoir d’achat, insécurité,
démantèlement de la sécurité sociale, remise en cause du droit du travail avec
le CPE et le CNE…).
C’est grâce à votre mobilisation à tous que nous rendrons
toutes ces choses possibles. Je compte sur vous pour porter ensemble auprès de
nos concitoyens une ambition de réelle alternative à la droite.
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