A l’attention de M. Frédéric TISSOT
Secrétaire général CGT
CENTRE HOSPITALIER GENERAL
DE VILLEFRANCHE-SUR-SAONE
Villefranche-sur-Saône, le 21 novembre 2006
Monsieur le Secrétaire général,
C’est avec plaisir que je réponds à votre interpellation à propos de la situation du Centre Hospitalier Général de Villefranche-sur-Saône. Sachez tout d’abord que je souscris assez largement au diagnostic que vous faites de cette situation inquiétante pour les personnels et pour le fonctionnement de l’établissement. Il apparaît nettement que le service public hospitalier est aujourd’hui en danger.
Tout d’abord, il me semble que la vocation du Centre Hospitalier Général n’est pas suffisamment affirmée par les responsables nationaux et régionaux de la santé publique. Partisan déterminé d’un service public de qualité répondant aux besoins de la population, mais également soucieux d’aménagement du territoire et de cohésion sociale, je crois que notre hôpital doit bénéficier des moyens humains, techniques et financiers, à même de lui assurer un rayonnement naturel sur le nord du département du Rhône. Je crois notamment que notre hôpital doit avoir un rôle dans la coordination des soins sur ce territoire, et jouer un rôle d’excellence par rapport à la concurrence du secteur privé. Cela ne me semble malheureusement pas être la politique de l’Agence Régionale d’Hospitalisation. Je propose notamment, avec le Parti socialiste, la création en France de 500 « Maisons de santé » réunissant des professionnels de santé de disciplines différentes pour permettre aux patients de trouver toute l’offre de soins, notamment dans les zones sous-médicalisées, et de mieux organiser les gardes et urgences, le tout en coordination avec un hôpital de référence.
De plus, l’hôpital de Villefranche subit comme beaucoup d’autres en France les effets de la politique de réforme hospitalière menée par le Gouvernement qui, par ces choix budgétaires depuis 2002, organise la pénurie au sein du service public de santé et favorise de fait le secteur privé. J’ai la conviction qu’il faut améliorer la gestion des hôpitaux publics, et notamment revoir certaines règles de fonctionnement comme celle du cumul d’emplois publics et privés, mais je ne souscris pas aux évolutions engagées par le Gouvernement actuel dans son plan « Hôpital 2007 ». Pire encore, la mise en œuvre de la « tarification à l’activité » (T2A) commence à montrer ses effets néfastes sur le financement et le fonctionnement de l’hôpital public, en assimilant celui-ci à une entreprise concurrentielle ; inspirée des modes de gestion des hôpitaux américains, la T2A n’est pas adaptée à notre système hospitalier et ne fera que favoriser à terme le secteur privé qui pourra sélectionner les activités les plus rentables, tandis que les hôpitaux publics ne pourront assumer correctement leurs missions de service public faute d’un financement suffisant et adapté. Cette logique perverse, qui pousse les établissements de soins à privilégier désormais les activités rémunératrices, risque de sceller le sort de l’hôpital public et de ses missions d’intérêt général.
…/…
Enfin, j’admets que la mise en œuvre des 35 heures dans la fonction publique hospitalière n’a pas apporté aux agents hospitaliers les bénéfices attendus d’une réforme pourtant guidée par une volonté évidente de progrès social. Les raisons en sont cependant compréhensibles : d’une part, la date de mise en œuvre était trop rapide, ne permettant pas d’intégrer la période de formation nécessaire des personnels soignants ; d’autre part, la politique de restrictions budgétaires conduite par les gouvernements de droite depuis 2002 n’a pas permis d’honorer les engagements de l’Etat. Si la gauche revient aux responsabilités du pays en 2007, elle devra être à la hauteur de ses engagements antérieurs, comme des attentes des agents hospitaliers qui se dépensent aujourd’hui sans compter pour faire vivre le service public de santé.
Vous l’aurez compris, je suis très attaché à l’hôpital public, même si je reconnais qu’il doit évoluer dans sa gestion. Mais je ne crois pas que l’on puisse maintenir un service public de santé de qualité sans une augmentation des moyens publics qui doivent lui être consacrés. La santé a certes un coût de plus en plus important, mais que la société doit assurer pour l’essentiel de façon solidaire. Je crains que la politique du Gouvernement actuel, tant en matière hospitalière que de gestion de l’Assurance maladie, soit de reporter de plus en plus le financement des soins sur les patients et sur l’initiative privée. Cela contribue malheureusement à renforcer les inégalités d’accès à la santé et aux soins, qui sont fondamentalement inacceptables dans une société aussi développée que la nôtre. Redonner un sens à la solidarité sera assurément l’une des priorités de la gauche et du Parti socialiste en 2007, afin de redonner un espoir et un avenir à notre pays.
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